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La salade de la rue Mouffetard

 

L’agriculture urbaine, vous en avez sûrement entendu parler si vous habitez Montréal ou Berlin. Mais à Paris, saviez vous que des expérimentations sont en cours? En effet, des légumes sont en train de pousser au cœur de la ville…au sommet de certains immeubles!

A la suite d’une rencontre entre agronomes et architectes, le toit d’Agroparistech, dans le 5e arrondissement, a été transformé en potager urbain: petits fruits et légumes poussent tranquillement, à l’abri du vacarme urbain et profitant du soleil parisien (quand il y en a ).

 

Le principe: recréer un sol, dans des bacs, avec des déchets issus de la ville. Le système est appelé “lasagnes”: il s’agit d’une alternance entre un compost (matière organique en décomposition) brun, composé de morceaux de bois d’élagage issus des arbres urbains de Paris, et un compost vert constitué d’un mélange de marc de café et déchets verts venant des parcs et espaces vert de la ville. Ce sol recomposé permet aux légumes de pousser en quantité et qualité (d’après les tests effectués pour l’instant). Les plantes qui poussent dans ces bacs sont des tomates cerises et des salades, mais aussi des petits arbres fruitiers, des fraises, de la vigne et des herbes aromatiques. Cette diversité a attiré des abeilles, qui sont maintenant bien installées car une ruche à été implantée pour elles, et une saison de miel a déjà été récoltée!

 

 

C’est bien beau, me direz vous, mais ça sert à quoi, ces expériences? Tout d’abord, plusieurs entités peuvent en profiter. Topager, une entreprise de jardins sur les toits crée par Nicolas Bel (http://topager.com/), a déjà installé plusieurs potagers: la Tour d’Argent et les Terroirs Parisiens ont le leur, permettant ainsi à ces grands restaurants de disposer de légumes et fruits extra frais, d’excellente qualité gustative car de variétés anciennes et soigneusement choisies (mais ne supportant pas le transport ou le conditionnement par exemple). Mais le marché de niche de l’alimentation de luxe n’est pas le seul bénéficiaire de ces légumes aériens: les jardins associatifs, de plus en plus nombreux à Paris, permettent aux habitants de la ville en situation souvent précaire de produire une partie de leur alimentation grâce aux espaces libres mis à leur disposition par les mairies: friches, espaces publics et …toits des immeubles!

 

Mais attention, tous les toits de Paris ou d’ailleurs ne sont pas près à accueillir des bacs de culture: il faut que la portance soit élevée, et que le toit ne soit pas en pente, or la plupart des toits parisiens sont Haussmanniens (dômes en zinc)… Ce serait donc en banlieue qu’il aurait plus d’espace disponible et exploitable. Les tests de pollution sont également à réaliser, notamment la pollution due à la circulation motorisée, or aucune directive européenne n’est imposée à ce jour sur ce sujet (et ce, où que soient produits les légumes: au bord d’une autoroute ou au sixième étage d’un immeuble). La société urbaine acceptera-t-elle de consommer des légumes produits au cœur de la ville, à cette époque où la remise en cause des preuves scientifiques et de pus en plus présente?

 

Et puis, peut on parler réellement d’une “agriculture urbaine”? Le but de cette démarche est-il de rendre la ville de paris auto suffisante en production maraîchère? Certainement pas. Cette production intra-urbaine est encore balbutiante à Paris (alors qu’au Canada, elle est bien plus développée, et vitale dans certains pays du Sud), mais le retour de la “nature en ville” semble intéresser et mobiliser de plus en plus de citadins n’ayant eu aucun contact avec le monde agricole auparavant.Alors, pratique à la mode pour bobos à vélo ou véritable prise de conscience sur l’alimentation et les enjeux environnementaux de celle-ci? Affaire à suivre…

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