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On y croit dur comme chèvre!

 

À quelques kilomètres de Privas, Firmin Brivet-Naudot réalise son rêve : grâce à une formidable mobilisation solidaire, il est aujourd’hui éleveur de chèvres sur sa ferme.

 

Il y a à peine deux ans, ce jeune homme de 26 ans, jeune diplômé de l’institut supérieur d’agriculture de Rhône-Alpes (Isara), tombe amoureux du hameau, pourtant en ruines, de Tallans. Originaire de la région mais issu d’un milieu non agricole, Firmin souhaite reconstituer une bergerie et restaurer les autres bâtiments pour en faire une ferme de 100 hectares d’un seul tenant. Mais cet ensemble de vieilles bâtisses est également convoité par un investisseur pour un projet non agricole. La société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) est en charge de l’arbitrage du dossier.

Elle fixe un prix à la propriété –mettant ainsi fin à la surenchère– et elle organise une réunion publique, afin d’étudier les projets candidats et les attentes de la population locale. Firmin, qui souhaite monter un élevage caprin, et à terme une ferme-auberge, obtient le soutien de la majorité de la population et des acteurs locaux. La Safer attribue donc la propriété de Tallans au jeune diplômé. Une fois l’acte de vente signé, Firmin dispose seulement d’un mois pour boucler le financement de son projet.

Il décide alors de monter un groupement foncier agricole (GFA) investisseur : ce système juridique de placement désintéressé des actionnaires lui confère un bail sur une durée de 90 ans.

 

Soutien collectif

L’appel à financement est alors lancé avec l’aide du réseau de l’Isara, d’un blog et de sa famille. Firmin réussit l’exploit de rassembler les 240 000 euros nécessaires pour conclure la vente en temps et en heure. « Et pourtant, personne aux alentours n’y croyait !», confie Norbert, un voisin. Au final, 84 personnes ont investi dans sa ferme, lui permettant ainsi de se libérer du coût du foncier. Et pour cette action solidaire, Firmin s’est engagé à les approvisionner… en fromage de chèvre !

La mobilisation et la solidarité ne se sont pas arrêtées là. Grâce à son groupe d’amis de l’Isara, à ses voisins et à sa famille, Firmin a entièrement rénové les ruines : aujourd’hui, le hameau de Tallans, c’est une ferme et deux gites qui seront bientôt ouverts aux touristes et randonneurs. Tous les ateliers de l’exploitation –la fromagerie, la salle de traite, un enclos pour les chèvres et de quoi entreposer le foin– ont été montés et mis en place en quelques semaines. Ce qui, selon ses voisins qui le soutiennent, est dû « à la grande réactivité de Firmin ».

Firmin est désormais éleveur, avec une vingtaine de chèvres en lactation, 15 chevrettes qui viendront gonfler le troupeau pour les traites du printemps prochain, mais aussi des poules, des cochons et des lapins. Les fromages sont vendus à la ferme, ainsi que dans un restaurant local. La prochaine étape est l’ouverture d’un magasin de vente sur l’exploitation, mais pour financer les travaux, « il faut vendre des fromages! ».

 

Reconquérir la châtaigneraie de l’Ardèche

Firmin travaille, avec d’autres agriculteurs, au montage d’une coopérative d’utilisation du matériel agricole (Cuma). L’achat de matériel et d’un atelier de transformation permettra à une trentaine d’agriculteurs (et propriétaires de châtaigniers) de recréer la filière châtaigne, aujourd’hui disparue du centre de l’Ardèche. Le Parc naturel régional des monts d’Ardèche, la Chambre d’agriculture et le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) participent à ce projet. Les équipements de la Cuma permettront également de mettre en place le projet “Ardèche de saison”, qui prévoit d’approvisionner les collectivités du territoire avec des petits fruits et des légumes issus du maraîchage local.

 

 

Un outil juridique adapté

Un groupement foncier agricole (GFA) est une société civile spécifique à l’agriculture. C’est un outil juridique qui permet de regrouper des actionnaires qui achètent des parts dans une exploitation agricole, afin d’en favoriser la transmission. Le GFA donne un bail à long terme (jusqu’à la retraite) à un agriculteur. Ce système a été mis en place pour éviter l’émiettement du parcellaire. La société civile des terres du Larzac, qui gère des terres du Causse pour l’État, fonctionne également au moyen de GFA.

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